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Lundi 13 janvier, à la Story Room, s’est tenue la première expédition créative de l’année dédiée à l’écologie expérientielle, Scenary a démarré 2020 en partageant une action engagée !
Bonne année 2050 !
“Ce lundi 13 janvier, j’avais rendez-vous à la Story Room pour découvrir le Musée de l’Urgence Climatique [1].
Après avoir passé la vitrine éphémère, la guide prend la parole pour nous immerger dans une vision exemplaire de 2050 : « Bonne année 2050 ! Comme vous le savez le rapport du GIEC de 2049 vient de tomber et incroyable mais vrai, nous avons réussi à baisser la courbe des 2 degrés et ainsi évincer le scénario catastrophe qui nous était destiné il y a 30 ans. Quelle transformation ! Nous vous invitons à revivre pendant deux heures, les moments et les images emblématiques de 2020–2022. La soirée sera rythmée par 6 temps de 20 minutes, qui reprendront les 6×4 mois des années 2020–2022.
Deux entrées s’offrent à nous. Nous marchons dans les pas de nos prédécesseurs pour comprendre leurs choix. Quels chemins ont-il suivi ? En 2020, étaient-ils Opportunistes ou Utopistes ? Comment ont-ils réussi à aligner, enjeux climatiques et enjeux économiques ? Comment ont-ils compris que l’utopie avait changé de camp ?
Dès lors, deux groupes se forment et constituent les deux équipes pour le jeu qui est sous nous yeux : causes et conséquences du climat [2]. Nous devons placer les cartes des 7 étapes dans le bon ordre et les valider pour passer à l’étape suivante.
Une fois l’entrée passée, on découvre la pièce principale du musée. On tombe nez à nez avec des silhouettes de personnage grandeur nature dans un moment de réunion, ils se masquent les oreilles, les yeux, la bouche. C’est bien vrai, le monde professionnel de l’époque ne voulait pas voir la réalité en face ni s’engager sur les décisions à prendre. Ce qu’ils étaient déraisonnables à l’époque !
On lit successivement les citations des climatosceptiques de l’époque, en effet les mots de ce politicien m’avaient marqué : “Le concept de réchauffement climatique a été inventé par les chinois pour rendre l’industrie américaine moins compétitive” (Donald Trump) ou encore “Il faut être arrogant pour penser que c’est l’homme qui a changé le climat” (Nicolas Sarkozy). La dernière m’arrache un sourire, l’humour d’un économiste de Vale : “Le ski sur neige va en souffrir mais le ski nautique va en profiter”.
La guide nous invite à nous glisser en dessous d’une cloche, et un par un, on y découvre les données de l’époque sur l’écologie, elles font rougir :
— Un enfant français naissait en 2020 avec un budget carbone égal au tiers d’une personne née en 2050.
— En 2020, la Chine représentait 30% des émissions mondiales de CO2
— Entre 2009 et 2019 67% des végétaux avaient disparu de la surface de la Terre.
“Comment a t-on pu prendre l’ascendant sur la planète ?” retentit en moi.
La visite se poursuit devant “Le robinet d’évacuation énergétique, métaphore de l’époque qui a fait basculer les mentalités fugaces vers l’action. Avant 2020, on pensait que la vérité résidant dans les actions individuelles (les éco-gestes ne représentaient que 10% des leviers d’action). En 2020, on avait pris conscience que nos industries et collectivités étaient les véritables acteurs du changement. Notre robinet climatique débordait et les seules personnes qui pouvaient ralentir significativement le débit de l’empreinte carbone étaient nos dirigeants et top managers. Pourtant les entreprises et institutions disposaient de 80% des outils de décarbonisation (industrie, agriculture, fret de marchandise, services publics et énergie) rapidement actionnables et personnalisés pour baisser la courbe des 2 degrés.
Nous enchaînons avec une autre image, pour le coup très réelle et attristante, nos paysages en 2020. On découvre que le 6ème continent, celui des déchets engendrés par l’humanité, n’était pas une réalité lointaine pour 50% de la population. Ce paysage de détritus me renvoie à mes souvenirs de promenades, 30 ans en arrière.
Nous terminons par une discussion autour des initiatives impactantes de l’époque. Nous sommes devant un mur annoté de ces initiatives, comme un grimoire du changement, il met en lumière les solutions qui, une fois mises en place, avaient fait réduire l’empreinte carbone considérablement.
Pour désaturer le robinet, Sublime énergie transformait le compost et nos excréments en carburant bio-méthanisé grâce à un système révolutionnaire de liquéfaction/compression du biogaz en biométhane et en bioCO2.
La guide nous appelle à contribution : “En 2020, selon vous, quelles solutions, avaient fait bouger les choses ?”. On rebondit sur les diverses propositions des uns et des autres. Sont évoqués :
“Siemens avaient intégrés les jeunes activistes à leurs comités d’administrations après avoir subi leurs indignations suite à la participation de l’entreprise à un gigantesque projet de mine de charbon en Australie” — lance un participant …
Ceci était un extrait du Musée de l’Urgence Climatique que nous souhaitons déployer sur 150 m2 en juin 2020 dans le cadre Lille Capitale du Design. L’objectif de ce Musée-test était de faire tester à Scénary le parcours expérientiel et identifier les réactions en live pour améliorer notre proposition.
Les deux premières vingt minutes écoulées, nous avons enchaîné sur une présentation des vrais défis auxquelles répondre, comme la décarbonation industrie, de l’agriculture, du frêt de marchandise ou encore des services publics. Ce fut l’objet des deux sessions créatives de vingt minutes qui ont suivi.
« Un grand merci pour cette expérience, j’ai trouvé que vos partis pris narratifs de toute la partie introductive était marquant, et mériteraient d’être encore amplifiés pour accentuer l’immersion. La mise en saynètes, et donc en mouvement des solutions,est, elle aussi marquante 🙂 »
— Laurène Job, Hormétiss
Et si on réconciliait économie et écologie ?
Aujourd’hui, on semble opposer économie et écologie. Or, si l’on se tourne vers les définitions théoriques, ces termes sont très liés. Selon le CNRTL, la chrématistique, définit par l’art de s’enrichir et d’acquérir des richesses, s’oppose à l’écologie, qui est définit comme les sciences pour conduire la maison ou la communauté des êtres vivants.
En effet, l’économie définit comme les règles pour conduire la maison ou la communauté, fonctionne avec l’écologie. On parle dans les deux cas d’habiter la planète en symbiose avec les êtres vivants qui l’occupent. Il faut les réconcilier.
Le monde de demain dépend des expériences vécues par nos entreprises aujourd’hui
1_ Cibler les bons discours
Sous la loupe du design d’expérience, apparaissent 3 formes de discours sur l’écologie : l’écologie didactique et politique, l’écologie sensible et l’écologie expérientielle.
Écologie didactique et politique: celle qui est démontrée par les chiffres pour faire comprendre les phénomènes scientifiques et qui fait l’objet de nombreux rapports comme le GIEC. Les alarmistes s’en emparent, en optant pour des formes rédactionnelles volontairement inquiétantes dans les intitulés. Par exemple, “L’humanité en péril” de Fred Vargas ou encore “Le Progrès m’a tuer: Leur écologie et la nôtre” de la Décroissance
Écologie sensible : c’est l’usage du poétique et du sensible par les artistes qui laissent place à une interprétation libre de l’expérienceur. Par exemple, l’installation “Solastalgia” proposée depuis décembre 2019 aux Champs Libres de Rennes, plonge les visiteurs dans un futur mystérieux, à la surface d’une terre inerte et dépeuplée à l’aide de la réalité augmentée. On y voit des fantômes qui raconte leurs souvenirs à l’époque où la planète n’avait pas encore dépéri. Le message est sensible et mais trop flou pour concerner celles et ceux qui détiennent les manettes pour palier le dérèglement climatique. De même pour l’ONG WWF qui détourne des tableaux connus pour sensibiliser au dérèglement climatique. L’image contemplative sensibilise mais n’engage pas pour autant à l’action.
Écologie expérientielle : c’est utilisation des médiums du design d’expérience (empathique, inclusif, incarné) pour s’affranchir de l’indifférence et passer à l’action. Se dégage une forte opportunité d’utiliser la colère et la sensibilité comme moteur de l’action. Et si la création s’emparait de l’écologie pour mobiliser un « Nous sommes le climat » comme un « Je suis Charlie » ?
2_ Cibler les bons acteurs
Les citoyens détiennent 10% des leviers d’actions [3], cela concerne les éco-gestes comme la réduction de la consommation de plastique, la mise en veille des appareils le covoiturage ou encore faire son jardin sans pesticide en optant fabriquer sa maison à insecte (abri qui favorise la biodiversité locale en attirant des insectes bénéfiques pour le jardin). Pour l’investissement individuels et qui concerne majoritairement les rénovations des maisons, on nous attribue 10% de plus.
Quant au 80% des leviers d’actions restant, ils sont détenus par les entreprises et les collectivités. Succession de réunions, de discours de sensibilisation, de lois environnementales, collectivités et entreprises restent pragmatiques. Pourquoi bousculer leur organisation pour un changement qui n’a pas l’air rentable ? Cela impliquerait de changer radicalement leur processus, de recréer une vision commune et de faire un effort d’alignement des parties prenantes. Ils ne voient pas l’opportunité de changer et continuent de se demander “Où sont les puits de pétroles ?”
3_ Cibler les bons outils : pourquoi un Musée de l’Urgence Climatique
En 2016, le Groupe La Poste avait utilisé le design d’expérience pour convaincre les dirigeants de l’opportunité de l’innovation au Lab Postal. Cet événement sur deux jours avait réuni les Top Managers de La Poste autour d’un format visite, action, puis décision. Le dispositif avait généré l’énergie nécessaire pour décider de la signature du projet de construction de 4 lieux d’innovations en 3 mois pour le groupe.
Faire vivre une expérience aux dirigeants pour les mettre en posture empathique qui mène vers l’action
Le Musée de l’Urgence Climatique comporte en fait un scénario d’expérience en 4 étapes. Il vise à mettre les dirigeants dans une posture empathique, pragmatique et opportuniste.
Le MUC (Musée de l’Urgence Climatique) :
1/ Je ressens l’urgence lors d’un parcours immersif → L’expérience débute par un parcours expérientiel immersif (étape clé du design d’expérience pour sensibiliser, mettre en émulation puis engager les expérienceurs) comme raconté dans l’extrait.
2/ Je découvre les initiatives d’autres acteurs → La visite se prolonge avec une exposition des solutions existantes des acteurs actuels par thématiques : la consommation d’énergie, la déforestation, ..
Puis le FUC (Fusée de l’Urgence Climatique) :
3/ J’identifie les opportunités pour moi de changer → Sur un vidéo-mapping au sol, les dirigeants positionnent leur corps pour sélectionner les défis à relever en fonction de leur problématique.
4/ J’imagine des solutions alternatives → Grâce aux méthodologies du design d’expérience, on approfondit au sein de la Climate Action Room les leviers d’action notamment l’émancipation des véhicules thermiques individuels et marchands, la réduction du chauffage des bâtiments au fuel gaz, la fin du voyage en avions, etc.. Pour tangibiliser le futur, les ressources à mobiliser et les moments d’actions, le FUC permet d’élaborer le Climate Action Model.
Voilà donc notre challenge : imaginer un dispositif sensible, émotionnel, pédagogique et mobilisateur pour cibler les vrais enjeux et les bons acteurs dans le but de proposer un format inclusif favorisant la prise de décision !
Vous aussi, contribuez à faire vivre ce beau projet, et aider à lancer le premier format d’écologie expérientielle ! Pour cela quatre options :
- Je suis participant COMEX/CODIR
- Je suis participant et relayeur dans mon entreprise de ce que j’ai vécu
- Je suis Parrain/Marraine
- Je suis animateur de l’événement
Faites votre choix et contactez-nous à l’adresse suivante : hello@choregraphy.co
Nous remercions les participants pour leur implication et leur contribution et nous avons hâte de vous voir au MUC dès son ouverture en juin !
[1] Inspiré du Musée du Harcèlement de rue,
[2] Inspiré de l’Atelier de la Fresque du Climat, https://fresqueduclimat.org
[3] Étude du cabinet de conseil climatique français Carbone 4 de juin 2019